Comme d’autres villages aux environs de Privas, Alissas a connu une forte croissance de sa population depuis une vingtaine d’années. 600 habitants en 1990, plus de 1350 aujourd’hui. Cette évolution est en bonne partie la conséquence de l’incapacité de la ville-préfecture, mal servie par sa topographie, à étendre son urbanisation. Pour autant le développement d’Alissas n’a porté atteinte ni au charme de son village séculaire ni à l’authenticité du paysage agricole que dessert la route des Chaumettes.
Cette préservation des équilibres, les alissains le doivent aux équipes municipales qui se sont succédé durant cette période et qui ont administré la commune avec un souci de continuité. Continuité due peut-être à un plan d’urbanisme qui tire le meilleur parti de la configuration du terrain (la localisation discrète de l’Hyper U en limite du territoire communal, dans le prolongement de la zone d’activités du Lac, est en cela remarquable) détermine les zones à protéger et celles qui seront progressivement ouvertes à l’habitat, aux activités économiques, aux équipements collectifs.
A mi-mandat la dernière équipe en place présente un bilan déjà bien rempli. Sont à mettre à son actif : la réalisation des infrastructures ayant permis l’établissement de quatre nouveaux commerces ; la création d’une nouvelle place publique et d’une aire de jeux pour enfants ; l’agrandissement de la cantine scolaire rendu nécessaire par l’augmentation du nombre d’élèves; une nouvelle cour de récréation pour les maternelles ; le changement des chaudières de l’école ; la réfection de la façade de l’église avec son nouvel éclairage ; la réfection de la voirie avec un revêtement de qualité. Sans oublier la refonte du site internet de la mairie dont l’augmentation des connexions nouvelles mensuelles, passées de 160 à 1300, prouve l’attractivité et l’utilité.
Mais c’est moins l’énumération de ces équipements qui doit être relevée que le souci d’économie et de durabilité avec lequel ils ont été réalisés. Ceci est la marque d’un conseil municipal où les différences de sensibilité importent moins que le souci d’efficacité tant sur le terrain que dans l’élaboration des projets. Et cette efficacité est due à la mixité des compétences, aux complémentarités entre l’expérience des anciens et le dynamisme des nouveaux, entre l’imagination des techniciens et la rigueur des gestionnaires.
Les nouvelles chaudières scolaires constituent un bon exemple d’une décision réfléchie. Les chaudières à fioul ont été remplacées par des foyers à granulés-bois a priori plus chers. Mais la décision a été prise à la faveur d’un programme gouvernemental subventionnant les énergies renouvelables au plan municipal. De telle sorte que le coût d’achat final supporté par la commune a été légèrement plus élevé que celui de chaudières à fioul de nouvelle génération. Mais en revanche une économie annuelle initiale de 40% a été réalisée sur la consommation de combustible et, au prix actuel du fioul, cette économie est désormais de 60% soit prés de 1% du budget communal. C’est le même souci d’efficacité énergétique qui a présidé, à cette occasion, à l’abaissement du plafond des salles de classes.
Moins spectaculaire mais tout aussi efficace est le fait que, grâce aux compétences de ses conseillers, la municipalité est capable de réaliser en régie la conception, les appels d’offres, le suivi et la réception des travaux qu’elle engage. Elle fait ainsi l’économie d’un maître d’œuvre, soit environ 20% du montant des réalisations.
Même souci du détail en ce qui concerne l’église : un dispositif (non violent) protège la nouvelle façade des déjections de colombidés et une batterie de LED assure l’éclairage du clocher à un coût modique. Idem en ce qui concerne la cantine : son agrandissement a été l’occasion d’installer une isolation phonique qui améliore sensiblement les conditions de travail de son personnel.
Pour l’avenir Alissas ne manque pas de projets : Aménagement d’une nouvelle zone pouvant accueillir une dizaine de commerces dans la continuité de ceux existant actuellement, avec une dotation généreuse en parkings. Aménagement d’une zone artisanale du côté du garage Rubini. Dans la continuité de l’aire de jeux, réalisation d’une structure sportive avec vestiaire, capable d’avoir un rayonnement intercommunal. Edification d’un columbarium en conséquence de l’interdiction récente de conserver ou de disperser les cendres des défunts. Modification de la puissance et de la modularité de l’éclairage public afin de baisser la facture d’électricité. Nombre de ces projets pourront bénéficier d’aides de collectivités territoriales ou d’Etat.
Alissas est situé en un lieu où il fait bon vivre. Le village est florissant mais économe, entreprenant mais sans projets dispendieux. Son école, dotée du meilleur équipement favorisant le plaisir d’apprendre, est l’objet de toutes les attentions. Les vertus d’Alissas évoquent celles d’une histoire cévenole révolue. Il n’empêche, on dirait qu’un drageon né sur une racine de cette histoire a survécu aux dragons.
François Buonomo, LA TRIBUNE le 10 mars 2011